Février 2022
Auteur: Sandrine DOPPLER
MAI 2020
Auteur: Sandrine DOPPLER
AOUT 2019
En 2015, Giorgio Moroder sortait de son silence après un quart de siècle d’absence pour affirmer qu’il n’était pas mort, loin de là ! Avec « 74 is the new 24 » (74 ans est le nouveau 24 ans), le père du disco entendait bien faire passer le message : je suis vieux mais toujours jeune. Et c’est un fait, comme Giorgio, nous vivons plus longtemps que nos aînés, si bien les Seniors constituent aujourd’hui le groupe démographique qui croît le plus rapidement. Le vieillissement de la population est réel et pose de nombreuses questions en terme de santé publique et d’alimentation. Parce qu’être jeune ce n’est pas seulement dans la tête, voyons quelles sont les solutions à mettre en place afin de s’assurer que les Seniors restent en bonne santé.
Si vous pensiez attendre un certain âge pour relâcher vos efforts et arrêter de « faire attention », autant vous dire que cela se fera à vos propres risques. Plus on vieillit, plus il importe de surveiller ses besoins nutritionnels. D’une part, parce qu’il n’est pas rare qu’une personne qui prenne de l’âge perde son appétit et constate une diminution de ses fonctions gustatives et olfactives. De l’autre, car certaines personnes âgées peuvent être fragilisées par la perte de poids et de masse musculaire que leur manque d’appétit engendre.Pour prévenir au mieux les risques de carences et la dénutrition, il importe donc d’adopter de nouvelles habitudes alimentaires. Silverco, le portail national d’information de la Silver Economie (ou économie des Seniors), propose à ce sujet une infographie récapitulant les bons réflexes à avoir.
Des recommandations logiques et qui n’ont rien de restrictif – mention spéciale au régime méditerranéen, considéré par certains comme le meilleur qui existe.
En soi, il suffirait donc aux Seniors de garder ces conseils en tête, de les accrocher sur un mur de leur cuisine, pour être sûrs de ne pas faire fausse route. Sauf que l’alimentation ce n’est pas si simple. Jusqu’à très récemment, les aliments, à la fois savoureux et adaptés aux besoins nutritionnels des personnes âgées étaient inexistants des rayons ou réservés aux institutions spécialisées. La faute à des entreprises frileuses de s’engager, même partiellement, sur le secteur du « vieux ».
A cela s’ajoute une nouvelle donnée : la complexité du profil senior. D’après l’INSEE, en 2015 les Seniors représentent 22 millions de la population française. Mais sont-ils tous les mêmes ? Pas du tout. L’institut estime ainsi que 12 millions d’entre eux, nés entre 1950-1964, sont toujours indépendants et dynamiques – beaucoup ne s’identifient même pas comme Senior. A cela s’ajoute 5 millions de retraités actifs de plus de 65 ans et 5 millions de plus de 75 ans. Sur cet ensemble, près de 20% - soit 4 millions – sont considérés comme fragilisés et pour la plupart dépendants des autres. La multiplicité des profils nécessite une attention de la part de l’industrie agro-alimentaire en accord avec cette nouvelle réalité. Alors comment connecter les Seniors aux aliments qui leur faut ?
Partant du constat que la nourriture disponible est inadaptée aux besoins des Seniors, la Silver Food se développe. L’objectif de ce segment encore balbutiant de l’agroalimentaire ? Apporter des solutions spécialisées à l’alimentation des Seniors tout en conservant l’attractivité de l’alimentation. Les enjeux, multiples, consistent à proposer des aliments riches en calcium, vitamine D et protéines déclinées suivant des problèmes spécifiques (complications digestives, problème de mastication ou de déglutition). L’offre doit être large, facilement identifiable mais surtout lisible et attractive. Exit, donc, branding suranné et packaging faiblard, la Silver Food se veut aussi entreprenante et diversifié que les Seniors d’aujourd’hui.
En tant que composante de la « Silver Economy » (estimée à 5,7 milliards d’euros d’ici à 2025), la Silver Food est sur le point de prendre son envol. Bientôt vous ne pourrez plus passer à côté de projets comme KEUYÈT – service de livraison de coupelles de fruits à destination des Seniors en situation de dépendance – et Aupalesens – le projet de lutte contre la dénutrition des personnes âgées. De nombreux projets saisissent les opportunités manquées par les grands groupes pour proposer des projets novateurs et durables. Développé au sein de l’incubateur Vitagora, on peut citer Cérélab et son Pain G-Nutrition, une brioche hyper-énergétique et remboursée par la Sécurité Sociale, mais également Max de Génie, des préparations à pâtisseries bio à faible indice glycémique. Côté UK, on penche pour Troo Foods et ses prébiotiques qui nourrissent vos bactéries intestinales, celles essentielles au bien-être physique et mental. Autant vous dire qu’avec de tels projets et start-ups, les Seniors – et le disco – ont encore de beaux jours devant eux !
AOUT 2019
Sandrine DOPPLER www.sandrinedoppler.com
JUILLET 2019
S’accorder quand on ne sait pas de quoi l’on parle, mission impossible ? Un peu… Et question alimentation saine, autant dire que le mystère perdure. A l’heure où le consommateur agit pour reprendre le contrôle sur ce qu’il mange, essayons de trouver une réponse simple et complète à cette question : une alimentation saine, qu’est-ce que c’est ?
De manière générale, il est entendu que manger sain revient à adopter un bon régime ou un régime spécifique, comme le régime nordique (fort en légumineuse et protéines naturelles), le régime flexitarien (sans viande rouge) ou le célèbre régime méditerranéen.
Définir l’alimentation saine, en pratique, c’est facile. Sur internet, les définitions ne manquent pas. Pour Intelligence Verte, [l’alimentation saine] est constituée d'aliments choisis judicieusement parmi une variété d'aliments; le plus souvent ce sont des aliments faibles en gras, des produits céréaliers et des fruits et légumes. Différentes organisations, comme l’OMS, partagent des indications similaires selon le genre et l’âge (insérer le lien) du consommateur – des informations bien précieuses mais peu faciles à appréhender pour qui n’a pas l’âme d’un scientifique ou d’un diététicien. Option plus accessible, les experts en nutrition d’Harvard proposent une assiette Santé destinée à créer des repas sains et équilibrés.
« Manger sain » est donc, en apparence, très simple. Ce que l’on regrette toutefois c’est le manque de recul de la plupart de ces études. Recommander c’est bien, appliquer c’est mieux !Et le consommateur lambda peut-il appliquer cela ? A-t-il le temps, le budget et surtout l’envie de se plier à ses recommandations ?
A bien des égards, l’alimentation saine décrite par les différentes études semble déconnectée de l’individu. L’alimentation saine ne revient plus seulement aujourd’hui à bien manger – pour soi et son corps - mais également à se faire plaisir - plaisir de manger, de se faire du bien – et à agir de manière soucieuse et réfléchie. Certes, tous les consommateurs ne s’intéressent pas aux méthodes de production et au respect des animaux et de la planète, mais réduire l’alimentation saine au seul être humain est aujourd’hui anachronique et trompeur.L’alimentation saine revêt aujourd’hui une dimension globale comme par Make.org. En plus de réitérer la nécessité de changer nos habitudes alimentaires, les participants ont également souligné à la plateforme participative l’importance de développer les circuits courts et de réduire le plastique et le suremballage de nos produits alimentaires.
Habitudes alimentaires, circuits courts, plastique ; face à cette triple urgence, politiques, marques, industries et distributeurs sont attendus au tournant. Ils doivent agir et vite, défricher leurs stratégies respectives du « bien manger », non plus pour s’assurer des points de croissance, mais afin de dessiner une ligne directrice à l’échelle globale. Il y a des projets et ces initiatives sont encourageantes (gammes bio à gogo dans les grands magasins, ailes de poulet à base de protéines végétales chez KFC, adoption du Nutri-Score par Nestlé en Europe continentale) mais cela ne suffit pas ! On le comprend, le défi est de taille pour les marques traditionnelles ou les grandes enseignes qui doivent changer en profondeur.
L’alimentation saine, un idéalisme ? Pas du tout. Pour bien des entreprises et start-up, c’est une opportunité de changer la donne et faire bouger les lignes en proposant des projets malins qui englobent tout ou partie de l’alimentation d’aujourd’hui et demain. C’est le cas, par exemple, de Natural Machines qui mise sur l’impression 3D pour transformer les déchets alimentaires en nourriture saine ou bien de Foodologic dont l’objectif est de livrer des repas sans emballage jetable.
En 2019, l’alimentation saine ne se réduit donc plus seulement à l’être humain mais également à tout ce qui l’entoure : animaux, emballages, écosystème. Est-ce qu’on y croit ? Il le faut, car si un équilibre n’est pas trouvé entre les différents acteurs de l’alimentation, tout porte à croire que votre estomac pourrait bien finir par crier famine lui aussi.
JUILLET 2019
Sandrine DOPPLER www.sandrinedoppler.com
MAI 2019
INTERVIEW de Wided Batat sur l’expérience client
MAI 2019
En plus d’être professeur, chercheuse et conférencière internationale, Wided Batat est également spécialiste du marketing intergénérationnel et de la transformation digitale. À cette liste bien fournie, il me faut ajouter deux choses. Wided a accompagné ma réflexion sur l’expérience client dans le Food, grâce à ces techniques et son savoir-faire que j’applique au quotidien dans les entreprises. Et chacune à notre façon, nous collaborons depuis plusieurs années à apporter des changements à l’expérience client des petites et grandes marques.
Nous allons partager avec vous dès la rentrée des petites pastilles destinées à destination des personnes en charge de l’expérience client dans l’entreprise afin de présenter les 7 E, une nouvelle (Ré) volution de l’expérience client. À cette occasion, j’ai voulu m’entretenir avec elle au moment de la sortie de son ouvrage Experiential Marketing : Consumer Behavior, Customer Experience and the 7Es. L’occasion de faire le point sur les procédés et stratégies que nous mettons en place et de lever le voile sur des secrets jusqu’ici bien gardés.
SD : Bonjour Wided. Si tu veux bien, je voudrais qu’on commence sur un constat. Nous sommes passés d’un focus produit à un focus client, comment expliques-tu ces grands changements d’un point de vue consommateur ?
WB : En effet, aujourd’hui la logique a complètement changé. Pour être en phase avec les attentes des consommateurs, les entreprises alimentaires ne peuvent plus s’arrêter à proposer un produit ou un service de qualité. Ce n’est plus suffisant. D’une part, car les attributs de tel ou tel produit ne sont plus un facteur de différenciation, tant l’environnement concurrentiel est surchargé d’offres attractives. D’autre part, car aujourd’hui le client cherche toujours quelque chose en plus dans un produit. Comme sa capacité à zapper est grande, le seul moyen de le garder reste de lui transmettre quelque chose, une émotion. À partir du moment où il engage son émotion et se sent compris par la marque, alors c’est gagné. D’où l’intérêt pour les entreprises de se recentrer sur le consommateur et d’être en phase, et non en décalage, avec lui. De manière générale, il paraît donc nécessaire de mettre de côté les approches top down pour se concentrer sur une plus grande perception du consommateur et sa façon de définir son expérience en fonction de ses besoins fonctionnels et émotionnels. Qu’est-ce qui est plaisant ? Qu’est-ce qui est bon ? Ce sont des questions auxquelles il faut avant tout répondre.
SD : En termes de stratégie, qu’est-ce que cela représente pour l’entreprise ?
WB : Pour l’entreprise, cela change la façon de concevoir les stratégies marketing mais également les stratégies globales. Jusqu’à présent, dans la chaîne de valeur, l’entreprise se focalisait sur la recherche et le développement. La marque créait et contrôlait le processus de création d’un produit en appliquant sa stratégie. Là, c’est l’inverse, puisque toute la stratégie débute avec la compréhension du consommateur en tant qu’être, avec ce qu’il connaît de paradoxes, d’émotions, de contradictions et de complexité. Avec une approche centrée sur le consommateur, on part de quelque chose d’inconnu. Cette étape est difficile à traduire et peut perturber les acteurs organisationnels habitués à des processus traditionnels. Heureusement, il existe des experts comme toi pour accompagner les marques dans la compréhension de cette complexité.
SD : Concrètement comment les marques doivent-elles impliquer le consommateur ?
WB : Tout simplement en partageant la même valeur avec le consommateur. Plus il comprend et s’identifie à cette valeur, plus il sera facile pour l’entreprise de se lier à lui, de le fidéliser. Cela va vraiment au-delà de la satisfaction du consommateur, il s’agit de le comprendre et de l’impliquer dans un processus de co-création d’une offre qui le concerne. À long terme, je suis sûre que cette approche basée sur un insight puissant et objectif représentera une source d’innovation et de réduction de coûts conséquente.
SD : Un autre grand changement perceptible aujourd’hui se situe au niveau de l’expérience client, mais cela reste un concept très abstrait.
WB : L’expérience client effectivement cela reste un peu vague. Trop souvent on le rapproche du marketing sensoriel, très opérationnel, voire relationnel. Mais c’est plus complexe. Car l’expérience client, elle intègre le produit mais elle transmet également une logique de design de l’expérience dont le produit fait partie intégrante. Dans cette expérience, on retrouve là encore plusieurs dimensions : fonctionnelle – les attributs des produits –, sociale – comment ce produit crée une socialisation ou un statut –, symbolique – ce qu’il représente et quel sens il donne – mais aussi idéologique. Toutes ses dimensions font partie de l’offre expérientielle et se traduisent dans le monde réel et digital afin d’assurer une captation continue du consommateur.
SD : Dans le food, quels sont les enjeux de cette transformation ?
WB : Tout simplement la fidélisation et la garantie de l’évolution du monde alimentaire. Avec les attentes plus locales, la question du plaisir, de la santé et du social. Tous ces éléments doivent être traduits dans l’offre alimentaire pour être en phase avec les nouvelles attentes et les nouveaux comportements alimentaires et consommateurs.D : Peux-tu guider ceux qui nous lisent dans la mise en place de ces stratégies expérientielles ?ut d’abord, il faut étudier le client dans un contexte réel, partir de ses besoins et se poser les questions : Comment mange-t-il aujourd’hui ? Dans quel contexte ? Quels sont les paradoxes liés à ses pratiques alimentaires ?
À partir du moment où l’on parvient à capter toutes ses dimensions tacites, on peut grâce à une approche bottom up constituer une expérience aux aspects fonctionnels, sociaux et cognitifs. Pour accompagner les marques dans l’élaboration de cette stratégie, j’ai mis en place un système, ce sont les 7 E : sept variables qui permettent d’obtenir une vision complète et tangible du design d’une
SD : As-tu en tête des expériences en accord avec cette stratégie ?
WB : Pour moi, Starbus a tout compris avec la création de Third Place ; un troisième lieu à mi-chemin entre la maison et le bureau, où vous pouvez passer du temps, socialiser, travailler, regarder des films. C’est un lieu sans pression, où l’on peut rester autant de temps que l’on souhaite, personne ne vous invite à quitter les lieux si vous restez trop longtemps. Le client peut proposer ses idées via le forum MyStarbuck et la marque l’aide à les réaliser et à les vendre en magasin. C’est très collaboratif. De la part de Starbucks, il y a un vrai rapprochement et une volonté de mettre en avant son engagement vis-à-vis de l’environnement, de l’intérêt du client mais aussi de ses propres salariés.n ne va plus seulement a Starbucks pour boire un bon café mais également pour vivre une expérience agréable et unique.
SD : Je prends pour exemple le nouveau concept de Starbucks ouvert à Milan et en Asie un vrai lieu comme tu le décris et qui propose une expérience unique assez étonnante !
WB : Un autre exemple c’est Eataly. On est plus sur aspect authenticité du produit et expérientiel des régions et du goût, à travers la représentation de différentes régions d’Italie. C’est un concept où l’on voyage à travers plusieurs thématiques, régions et produits authentiques qui représentent l’Italie, la tradition, le savoir-faire ancré dans des territoires bien définis. Une approche où la food devient un élément d’authenticité et d’identité territoriale ou sociale.
SD : je pense au concept global FICO Eataly qu’il a mis en place à Bologne et qui est un vrai parc d’attractions de la Food de la fourche à la fourchette.
Fico Eataly c’est quarante restaurants, de la nourriture rapide à base de produits naturels jusqu’aux restaurants gastronomiques. Mais aussi des laboratoires de fabrication de produits agricoles, des ateliers de découverte, des magasins alimentaires ou concernant la cuisine, des bars à vin, une ferme et une gestion des déchets vertueuses, etc.
Sandrine DOPPLER www.sandrinedoppler.com
Wided Batat Son livre : Experiential Marketing
MARS 2019
Et si la révolution agricole passait par les territoires ?
MARS 2019
D’ici à 2050, la planète comptera 10 milliards de bouches à nourrir. C’est dans ce contexte que la commission EAT appelle aujourd’hui à la mise en place d’une nouvelle révolution agricole mondiale. La mission ? Poser les bases d’une agriculture saine, durable et locale, soucieuse des attentes des consommateurs et de la protection de l’environnement.
Pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, une alimentation durable consiste à mettre en place des régimes alimentaires qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures et dont les conséquences sur l’environnement sont minimes. Dans cette optique, les territoires et les collectivités ont un rôle majeur à jouer.
Pour répondre à l’attente des populations en matière d’agriculture locale, nombreuses sont les collectivités à se tourner vers les projets alimentaires territoriaux (PAT). Prévus dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014, ces projets sont des actions de partenariat menées à l’initiative et à l’échelle des territoires dont le but est d’ancrer l'agriculture et l'alimentation locale. Exemple de projet en cours, la mise en place du PAT de l’île d’Oléron dont l’objectif est d’approvisionner à 50% en bio ou local les cantines de huit communes environnantes. L’idée est de conforter des petites exploitations et de favoriser l’installation de jeunes installations et leur intégration dans le circuit court de l’île. Des résultats déjà visibles au niveau des cantines scolaires où l’éducation aux goûts des enfants est prise en charge chaque semaine par des chefs et producteurs locaux.
Lancé ce mois-ci, le PAT, de la Métropole Aix-Marseille-Provence et le Pays d’Arles, premier territoire bio de France, est également plein de promesses. Co-construit grâce à la collaboration de différents partenaires (Etat, région, société civile), le projet vise à rapprocher producteurs, transformateurs, consommateurs ou encore distributeurs afin d’organiser une « logistique alimentaire rationnelle et durable » et de générer des emplois dans toute la région. Un projet ambitieux et collaboratif échelonné sur 3 ans avec en ligne de mire une labellisation par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
On le voit, ces projets visent à redonner aux territoires un pouvoir de décision et d’action afin de mettre au point des systèmes alimentaires plus durables. Attention cependant aux obstacles et aux écueils. En effet, mener un PAT suppose de mener un diagnostic continu et progressif de la situation du territoire. Connaître les acteurs, faire entendre les voix de chacun, la chose n’est pas aisée et suppose une communication fluide, une entente entre les sphères politiques et agricoles ainsi que la capacité à lever les fonds nécessaires pour ce type d’initiatives.
En juin 2018, 19 PAT étaient déjà reconnus par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Autant de projets concrets et de petits cercles vertueux qui, chaque jour, agissent pour le respect de l’environnement, la création de lien social, d’emplois et la lutte contre le gaspillage.
Ouf, favoriser une agriculture durable et une alimentation locale accessible à tous, c’est donc possible !
Sandrine Doppler
FÉVRIER 2019
L’alimentation : un jeu d’enfant !
FÉVRIER 2019
En France, un enfant sur cinq serait en surpoids, dont 3 à 4% d'obèses. Des chiffres stables avec le temps mais qui soulignent néanmoins l’importance de revoir la façon dont nous enseignons l’alimentation à nos enfants.
Que ce soit sous la forme de moments partagés ou de recettes, l’éducation au goût et aux habitudes alimentaires commence avec les parents. Toutefois, il semble que trop souvent les parents ratent le coche (manque de temps, d’argent, d’envie) et transmettent une éducation lacunaire. Et si toute une génération d’enfants se construisait actuellement sur des bases alimentaires fragiles ? C’est le postulat posé par l’Association Santé Environnement France (ASEF) qui après une enquête sur plus de 900 écoliers français a permis d’établir les constats suivants : les enfants ne boivent pas assez d’eau, utilisent trop d’assaisonnement, ne connaissent pas certains fruits ou légumes (87% ne savent pas ce qu’est une betterave) et ignorent parfois l’origine de leurs produits préférés (25% ne savent pas que les frites sont faites à partir de pommes de terre).
Des résultats qui laissent songeur mais qui ne doivent pas désespérer les parents. L’éducation alimentaire pouvant être modifiée en cours de route, voici quelques pistes pour inverser la tendance. - changer le rapport à la malbouffe. Les produits préparés, modifiés, font la joie des enfants mais ils stimulent le métabolisme et peuvent induire des comportements alimentaires addictifs. Selon 60 millions de consommateurs, nuggets, pizzas et céréales industrielles seraient les pires "bombes de graisse". Bourrés de sucre et de gras, autant les éviter et expliquer à vos enfants pourquoi il est nécessaire de privilégier les « aliments sains » aux « aliments plaisir » ; l’excès de fructose étant, au passage, susceptible de participer au développement de l’obésité infantile.
Chasser les mauvaises habitudes. Pour les enfants, le corriger lorsque celui-ci ne prend pas le temps de manger, ne mâche pas ses aliments et expédie son assiette en un temps record. Pour les parents, c’est faire attention à bien respecter les proportions journalières recommandées, réduire au maximum les apports de sucre et de sel et à s’assurer qu’au moins un repas par jour est associé à un moment convivial et familial.
- Responsabiliser son enfant. Une bonne pratique consiste à emmener son enfant avec soi faire les courses ou bien lui expliquer comment se cuisine tel produit. L’idée ici étant de le sensibiliser et de l’aider à développer son esprit critique vis-à-vis des grands enjeux liés à l’alimentation (d’où vient la viande ? comment les aliments sont-ils transportés ?).
On le voit, il existe de nombreuses méthodes pour aider les enfants à acquérir de bonnes habitudes alimentaires et les rendre acteurs de leur propre alimentation. Ces dernières années, des organismes spécialisés ont été créés pour réfléchir à la question. En Suisse par exemple, la Swiss Food Academy propose des ateliers interactifs, ludiques et pédagogiques pour enfants et adultes afin de promouvoir une bonne alimentation pour tous. Diverses activités sont ainsi proposées en partenariat avec des acteurs de l’alimentation (cantines, restaurants, écoles, collectivité locales) : initiation aux cinq sens, histoire de l’alimentation, transmission intergénérationnelle, l’association ne manque pas d’idées pour challenger les p’tits chefs à leur alimentation.
Un peu de bon sens, de volonté et d’imagination, voilà qui devrait suffire à faire de nos enfants, des consommateurs responsables et informés. Réponse dans une dizaine d’années…Sandrine Doppler
Sandrine Doppler
JANVIER 2019
L'heure des comptes
JANVIER 2019
Bienvenue sur Terre, le seul endroit de l’univers où des bennes à ordures sont souvent mieux nourries que la plupart des quelques sept milliards cinq cent millions d’individus que la planète abrite. D’ici à 2030, 2,1 milliards de tonnes de nourriture finiront, chaque année, à la poubelle. Un chiffre surréaliste qui montre à quel point la transition alimentaire – condition sine qua non à la transition écologique – est urgente.
DECEMBRE 2018
J'en suis !
DECEMBRE 2018
En juin de l’année prochaine aura lieu la première édition du Natexbio Challenge, un concours destiné à accompagner des jeunes entrepreneurs du bio dans la poursuite de leurs projets. Dix d’entre eux auront la possibilité d’être accompagnés,
encadrés pardes professionnels et experts. Les trois meilleurs projets recevront également un coup de pouce financier et d’une plus grande visibilité de la part deNatexbio afin de garantir au mieux leur succès. Ainsi, lorsque Natexbio
m’a invitée à être membre du jury, je n’ai pas hésité.
Il y a des occasions qu’on ne manque pas. Consacrer du temps à des jeunesentrepreneurs. Pour certains, ce moment est l’occasion de départager, parfoisde manière un peu cynique, différents projets en concurrence. Pour moi, c’estl’occasion
d’un échange, un moment d’immersion dans l’esprit d’innovateurschevronnés qui proposent aujourd’hui les produits de demain. Derrière lacuriosité, il y a l’envie. L’envie de partager des points de vue, de confronternos idées, d’entendre
des histoires qui mettent à l’épreuve certainsparadigmes. A l’écoute de certainsprojets, de nouvelles choses deviennent soudainement possibles. Mon expériencede mentor au sein de prestigieux incubateurs européens (Toaster Lab – Vitagora,Mass
Challenge à Genève ou le Startup Bootcamp à Rome) me permet de comprendreà quel point les entrepreneurs sont animés par ce désir de s’exprimer, desortir du cadre pour nous partager leurs rêves. Chaque projet, lorsqu’il estbon, faisable
et porté par un discours simple et convaincant, me plonge dans une nouvelle réalité. J’y crois ! Faire partie de ce jury, cela revient à prolonger mon engagement de faire émerger des talents bruts, de permettre à la réalité de certains
entrepreneurs de devenir concrète. C’est un pari sur l’avenir !
Quantau bio, en plus d’avoir une saveur toute particulière, il a pour moi un intérêtcapital. C’est simple, en 2019, encore plus qu’au cours des années précédentes,il faudra faire avec. Ou plutôt, on ne pourra faire sans ! C’est
au cœurmême de Natexbio que d’opérer dans ce sens. Mais pour exploiter au mieux larichesse du bio, encore faut-il lui faire un peu de place. Natexbio l’a compris en créant ce challenge qui vise à faire grossir les rangs du bio, à valoriserl’audace
et l’originalité de patrons en devenir. En France, il est en effetgrand temps de récompenser ceux qui se battent pour faire du bio le moteur denotre transition alimentaire, de leur donner une attention particulière.
Pourtoutes ces raisons, je suis heureuse de rejoindre cette aventure, de prendre place dans ce jury avec onze de mes collègues et d’aider Natexbio dans son projet d’organisation et de promotion du bio en France. Merci pour cette
initiative. J’ai hâte de faire connaissance avec les porteurs de projets et de me familiariser avec leurs créations. Je ne doute pas que, parmi ces projets, secachent des concepts ou produits singuliers qui feront les beaux jours de la
filière bio en France et ailleurs !
Article paru dans le journal du Natexbio du 18/12/2018
NOVEMBRE 2018
Réussir sa transition alimentaire ?
Comment réussir sa transition alimentaire ?
Bien manger, faire attention, aujourd’hui ces injonctions coulent de source pour la plupart des consommateurs qui, non contents de surveiller de près leur régime alimentaire, n’hésitent pas à faire entendre leur voix ou à manifester
leur mécontentement quant à la qualité des produits qu’ils achètent. Conscients des enjeux sanitaires et écologiques qui se jouent dans l’assiette, de plus en plus nombreux sont ceux qui appellent à ce que tous les maillons de la chaîne
alimentaire opèrent une transition rapide et efficace. Voyons quelques pistes pour mettre tout cela en œuvre.
Petite histoire de la transition alimentaire. La transition alimentaire est un phénomène inévitable et continu qui, selon les périodes, peut se produire sans que l’on prenne la peine de s’en rendre compte. Intrinsèquement
liée à l’évolution de nos sociétés et au progrès de l’agriculture, elle se traduit par un changement dans nos habitudes de consommation. Essayez donc de comparer deux assiettes à plusieurs décennies d’écart et vous réaliserez que –
oh, surprise ! – nous ne mangeons pas la même chose d’une époque à l’autre. Au XXe siècle, une assiette était en majorité constituée de céréales, de légumes et de tubercules. Moins d’un siècle plus tard, cette même assiette, boostée
à la mondialisation, l’essor de la grande distribution et l’omniprésence de la publicité, est souvent riche en protéines animales (viandes), graisses saturées et en sucres au détriment des fibres et nutriments.
Est-ce si grave ? Sans vouloir faire culpabiliser les plus grands carnivores, cette évolution n’est pas conséquence. Car pour continuer à faire en sorte que chacun ait son steak, l’agriculture est bien obligée de faire des
choix. On estime ainsi que la production alimentaire est la première source de déforestation et de perte de biodiversité. A cela s’ajoutent la croissance inquiétante de l’obésité dans le monde (en Chine, par exemple, le pays compterait
200 millions d’individus en surcharge pondérale et 90 millions d’obèses) et la précarité de nos agriculteurs. Bref, le tableau est plutôt sinistre pour la planète et ses habitants. Et rien ne dit que les choses iront en s’arrangeant.
Petites pratiques pour opérer sa transition alimentaire La transition alimentaire ne consiste pas à adopter des habitudes de consommations complexes ou farfelues, mais à (re)trouver une consommation et une alimentation durable
en se tournant vers des régimes et modèles agricoles à la fois respectueux et soucieux de l’environnement, économiquement équitables et accessibles mais aussi sûrs et sains. Pas d’efforts insurmontables, donc.
Une fois n’est pas coutume, tous les acteurs de la chaine ont un rôle précis à jouer. Tout d’abord, les cultivateurs et les éleveurs en abordant une transition vers l’agro-écologie – pratique qui consiste à produire en se
basant essentiellement sur les fonctionnalités offertes par la Nature et ses écosystèmes et qui tendent à consolider le cercle vertueux dessinée par les nouvelles pratiques agricoles.
En tant que consommateurs, deux bonnes pratiques consistent, par exemple, à se tourner vers les protéines végétales au détriment des protéines animales et surtout à continuer d’aiguiser notre esprit critique devant les produits
qui nous sont proposés. Continuez à faire entendre votre voix, à donner votre avis face à certaines politiques qui vous paraissent absurdes, à proposer vos idées car le futur de l’alimentation se construit d’abord grâce à votre collaboration.
L’idée n’étant pas de mener une chasse aux sorcières dès qu’un aliment semble avoir été produit au détriment de notre terre ou mauvais pour la santé mais bien de prendre conscience que certains points de notre alimentation sont à revoir.
Il n’appartient qu’à nous de contester le status-quo de certains rayons de nos supermarchés ou bien de continuer à lancer des appels aux pouvoirs publics pour apporter des solutions rapides et durables à ces questions. Quand bien même,
la responsabilité incombe au gouvernement de mettre en place et d’institutionnaliser des modèles pour demain, il revient aux consommateurs de formuler des demandes claires sur des questions aussi générales (le glyphosate) que spécifiques
(la revalorisation des cantines scolaires).
Les grands groupes, les marques, l’ont compris et mettent progressivement en place des solutions afin corriger leur trajectoire. Quatre ans, c’est le temps que s’est donné Carrefour pour changer en profondeur et donner une
réponse concrète aux nouvelles exigences des consommateurs. Dans le prolongement de son défi « Act For Food », le géant français compte, d’ici à 2022, consolider son offre « frais » (contrat « Bio développement » en partenariat avec
la WWF ; accompagnement nutritionnel de ses clients), démocratiser le bio en dehors des zones urbaines et renforcer ses engagements en faveur des producteurs. On peut citer, aussi, Danone qui, le 21 septembre, s’est engagé à reversé
son CA du jour à un fonds destiné à aider les agriculteurs français à passer à une agriculture plus durable. PME et start-ups ne sont pas en restent avec des idées originales comme « My Bee Wrap » qui propose un emballage réutilisable
en cire d’abeille. Adeptes du DIY, il semblerait qu’on puisse même le faire soi-même.
Quant aux collectivités, celles-ci se réapproprient progressivement la question alimentaire et font de la nature et de l’agriculture de véritables atouts pour contribuer à relever les défis qui se posent à l’échelle nationale
et internationale. L’alliance des territoires apparaît dès lors comme une étape clé de la transition vers un modèle alimentaire et agricole plus durable
On le comprend, il revient à chacun de faire de sa part, individuelle, politique et citoyenne, pour voir émerger une autre forme de développement qui bénéficierait à tous. Mais pour être réussie et efficace, cette transition
doit passer par une nouvelle forme d’éducation alimentaire (de nouveaux produits, de nouvelles saveurs et pratiques) ; une étape nécessaire, une forme de réajustement au regard de notre planète, de son environnement et des êtres qui
la peuplent. Vous reprendrez bien un peu de lait végétal ?
NOVEMBRE 2018
Bien-être animal : y’a pas de mal !
Bien-être animal : y’a pas de mal !
L’horreur ! C’est ce qui attendait les animaux dans l’abattoir de Boischault où, jusqu’à la semaine dernière, les bêtes étaient traitées dans des conditions inadmissibles. Suite à la diffusion, par la L214, d’une vidéo destinée à dénoncer les pratiques qui officiaient dans la structure, celle-ci est aujourd’hui fermée. Mais combien de lieux comme celui-ci continuent de perpétrer de telles atrocités ?
En 2017, un sondage de l’IFOP affirmait que 80% des français jugeaient la cause animale importante et souhaitaient être informés sur les conditions d’élevage et d’abattage des bêtes. Derrière ce chiffre se devine l’intérêt du consommateur pour le bien-être animal, plus uniquement sur la qualité de sa viande. Mais comment proposer la garantie de ce bien-être ? Comment s’assurer que la viande est élevée et abattue dans la décence ?
Une première solution consiste à pousser les marques à communiquer davantage sur le sujet. Les consommateurs veulent des garanties ? Et bien qu’on les leur donne – que cela soit par des prises de positions claires des marques, des grands groupes ou la mise en place d’un système de traçabilité alimentaire destiné à informer et rassurer les consommateurs. Sur la question du bien-être animal, des notions existent depuis plus de vingt-cinq ans. Inspirons-nous par exemple des « 5 libertés des animaux de ferme » conceptualisées par le Farm Animal Welfare en 1992 (!). Pour l’organisme anglais, les animaux en élevage doivent jouir des libertés suivantes : absence de faim et de soif ; absence d’inconfort ;, absence de douleur, de blessure ou de maladie ; absence de peur et de détresse ; possibilités d’exprimer les comportements normaux de l’espèce. Voilà une base saine sur laquelle travailler et qui pourrait se voir agrémentée de notions supplémentaires : la promesse d’une mort digne notamment.
Pour autant, les marques ne devraient pas être les seules à rendre des comptes. Dans une certaine mesure, il incombe aussi aux consommateurs de réfléchir à leur consommation et d’agir en conséquence ; car qui dit consommation répétée et intensive dit industrialisation de la chaine alimentaire. Oublis, maltraitance, manque de rigueur, les différentes pratiques – comme le broyage des poussins, la castration des porcs ou la présence de nitrites dans la charcuterie – nous rappellent que nous pouvons vite glisser sur des pratiques brutales ou des négligences en matière d’hygiène. Tout cela en raison d’impératifs de production liés à une demande en constante augmentation.
En définitive, le sujet ne devrait pas être l’apanage des seules associations. De même que la responsabilité ne doit pas seulement être portées par les éleveurs dont certains peinent à instaurer de bonnes pratiques d’élevage. Co-construire une filière de viande de bonne qualité n’est pas impossible. Encore faut-il que les consommateurs puissent se reconnecter au monde paysan et que la communication se fasse plus fluide sur la question du bien-être animal ; à l’instar de l’initiative de Label Rouge qui, avec une page Facebook[1] dédiée, joue le jeu de la transparence sur l’origine de ses élevages et le traitement de ses « champions » ou Fleuy Michon et son initiative récente avec le 25 Fleury qui propose de visiter les élevages d’où viennent leurs animaux.
J’aime à croire que manger de la viande est un choix personnel et qu’il appartient à quiconque d’arrêter ou non d’en manger. Depuis presque un million d’années, nous chassons les animaux pour en consommer la viande. D’ailleurs, sans elle, qui sait comment nous nous serions développés. Seulement, à présent que notre tête est bien faite (ou presque) et que sa consommation augmente de plus en plus chaque année, peut-être est-il venu le temps de savoir dans quelles conditions notre steak a été abattu et de consommer plus responsable.
Rappelons que c’est au Japon que l’on trouve la meilleure viande du monde, et qu’elle est obtenue grâce à des méthodes d’élevage qui interdisent autant le stress que l’exercice. Le bœuf de Kobe jouit d’une vie rêvée, à quand le nôtre ?
OCTOBRE 2018
Utopie alimentaire ou réalité concrète ?
OCTOBRE 2018
Utopie alimentaire ou réalité concrète ?
En juin de l’année prochaine aura lieu la première édition du Natexbio Challenge, un concours destiné à accompagner des jeunes entrepreneurs du bio dans la poursuite de leursprojets. Dix d’entre eux auront la possibilité d’être accompagnés,
encadrés pardes professionnels et experts. Les trois meilleurs projets recevront égalementun coup de pouce financier et d’une plus grande visibilité de la part deNatexbio afin de garantir au mieux leur succès. Ainsi, lorsque Natexbio
m’a invitée à être membre du jury, je n’ai pas hésité.
Il y a des occasions qu’on ne manque pas. Consacrer du temps à des jeunesentrepreneurs. Pour certains, ce moment est l’occasion de départager, parfoisde manière un peu cynique, différents projets en concurrence. Pour moi,
c’estl’occasion d’un échange, un moment d’immersion dans l’esprit d’innovateurschevronnés qui proposent aujourd’hui les produits de demain. Derrière lacuriosité, il y a l’envie. L’envie de partager des points de vue, de confronternos
idées, d’entendre des histoires qui mettent à l’épreuve certainsparadigmes. A l’écoute de certainsprojets, de nouvelles choses deviennent soudainement possibles. Mon expériencede mentor au sein de prestigieux incubateurs européens
(Toaster Lab – Vitagora,Mass Challenge à Genève ou le Startup Bootcamp à Rome) me permet de comprendreà quel point les entrepreneurs sont animés par ce désir de s’exprimer, desortir du cadre pour nous partager leurs rêves. Chaque
projet, lorsqu’il estbon, faisable et porté par un discours simple et convaincant, me plonge dansune nouvelle réalité. J’y crois ! Faire partie de ce jury, cela revient àprolonger mon engagement de faire émerger des talents bruts,
de permettre à laréalité de certains entrepreneurs de devenir concrète. C’est un pari surl’avenir !
Quantau bio, en plus d’avoir une saveur toute particulière, il a pour moi un intérêtcapital. C’est simple, en 2019, encore plus qu’au cours des années précédentes,il faudra faire avec. Ou plutôt, on ne pourra faire sans
! C’est au cœurmême de Natexbio que d’opérer dans ce sens. Mais pour exploiter au mieux larichesse du bio, encore faut-il lui faire un peu de place. Natexbio l’a comprisen créant ce challenge qui vise à faire grossir les rangs du
bio, à valoriserl’audace et l’originalité de patrons en devenir. En France, il est en effetgrand temps de récompenser ceux qui se battent pour faire du bio le moteur denotre transition alimentaire, de leur donner une attention particulière.
Pourtoutes ces raisons, je suis heureuse de rejoindre cette aventure, de prendreplace dans ce jury avec onze de mes collègues et d’aider Natexbio dans sonprojet d’organisation et de promotion du bio en France. Merci pour
cetteinitiative. J’ai hâte de faire connaissance avec les porteurs de projets et deme familiariser avec leurs créations. Je ne doute pas que, parmi ces projets, secachent des concepts ou produits singuliers qui feront les beaux jours
de lafilière bio en France et ailleurs !
Article paru dans le journal du Natexbio du 18/12/2018
OCTOBRE 2018
Moteurs de croissance des centres ville !
OCTOBRE 2018
Moteurs de croissance des centres ville !
L’augmentation constante du poids corporel de la population au cours des 40 dernières années est en voie de devenir le principal problème de santé publique de notre génération. Autrefois très rare, l’obésité est en forte progression dans la majorité des pays du monde. En Europe, 1 européen sur deux est en surpoids et 15,9 % de la population est obèse. En France, le taux est de 15,3 %: inquiétant aussi !
L’agriculture intensive et la transformation industrielle des aliments répondent à une société en recherche constante d’immédiateté. La diminution de la consommation de produits frais, de céréales complètes, de légumineuses et de bonnes huiles a amené la consommation excessive d’acides gras insaturés, des nouveaux produits (sucrés) et des « fast-foods ».
Depuis que l’homme est l’homme son mode d’alimentation n’a cessé d’évoluer, de s’enrichir. Notre métabolisme a ainsi disposé de milliers d’années pour s’adapter à ces petits changements alimentaires.
Notre mode de vie de plus en plus urbain, l’industrialisation répondant aux besoins de la population ont amené à la création de nouveaux modes de productions. Ceux-ci représentent des évolutions de notre mode d’alimentation contraignant nos organismes à absorber plus de changements en une centaine d’année que dans la totalité de notre évolution.
A l’instar du Bio il y a une quinzaine d’années, la tendance « forte » porte sur l’approvisionnement local ou de proximité.
Repenser son approvisionnement en préférant les circuits-courts permet de revoir notre alimentation en mettant sur table des produits frais et de proximité ! Nos modes de vie ne nous permettent pas d’accéder ou de cuisiner ces produits frais. Qu’à cela ne tienne, de nombreuses start-up proposent des box prêtes à cuisiner pour la famille, facilitant la consommation de produits frais et/ou locaux.
La demande forte en circuits courts / approvisionnement local est une problématique de grandes métropoles; cependant si en province nous savons où trouver les produits locaux, le mode de distribution reste à structurer.
La GMS, les industries ne veulent pas et ne doivent pas laisser cette tendance /opportunité aux autres acteurs. La demande en approvisionnement local va être de plus en importante, sur des volumes assez inconnus. Par conséquent, au delà de la question de l’approvisionnement, de la production il va se poser et se pose déjà la question de la la logistique
Nos commerçants de proximité ont à cœur à travailler avec des producteurs identifiés et donc de nous garantir de la qualité et de créer un cœur de ville dans des quartiers parfois délaissés. Ils peuvent être le relais des producteurs locaux en mettant en avant les produits de complément à leur activité principale. Par exemple chez le boucher, trouver des vins locaux ou de l’épicerie locale, mais trop peu saisissent cette opportunité.
A l’heure où les États Généraux de l’alimentation présentent leurs premières orientations dont « Action Cœur de Ville » porté par le CGET, il ne faudra pas oublier que l’alimentation à travers le temps à toujours permis de modeler les centre villes, et par conséquent de dynamiser ces centre villes trop oubliés. L’utilisation des circuits de proximité par les commerçants offre aux consommateurs la possibilité de reprendre en mains son alimentation et au cœur de ville ou de quartier un nouveau sens.
AOUT 2018
Addiction au sucre ?
AOUT 2018
Comment en finir avec son addiction au sucre ?
S’il existe des légendes sur notre alimentation, il en est une sur le sucre qui semble aujourd’hui bien admise : l’excès de glucose dans le sang se chiffre à plus de 3 millions de décès par an dans le monde. Et oui, les sucres, ces petits glucides, indispensables au bon fonctionnement de notre corps peuvent, lorsqu’ils sont pris en trop grande quantité et trop longtemps, venir enrayer la machine.
Mais comment se préserver d’une substance addictive que l’industrie agro-alimentaire s’amuse à mettre absolument partout ?
Le sucre : un péché mignon en héritage.
Il n’a pas fallu qu’un pharmacien mette le Coca-Cola sur le marché (pour rappel, une canette de 33cl fournit 35 gr de glucides soit 12 morceaux de sucres) pour que l’humanité devienne accro au sucre. Cette dépendance, longue de plus de 200 000 ans, nait à une époque où l’homo sapiens, par peur de manquer, aurait pris l’habitude de se jeter sur les arbres fruitiers.
A la différence de notre ancêtre sapiens, nomade et chasseur cueilleur, l’individu du XXe siècle se définit par une forte sédentarisation et par une consommation de sucre plus élevée fréquente. Autrement dit, si nous avons hérité du goût du sucre, la consommation que nous en faisons ne correspond pas à notre mode de vie.
Mais si l’on ne peut se passer de sucre, on peut en revanche freiner son absorption. En 2017, l’Organisation mondiale de la santé, qui préconise de limiter sa consommation entre 5 et 10% des besoins caloriques journaliers, estimait que les Français se situaient dans une fourchette comprise entre 15 à 20% (soit environ 100 grammes de sucres rapides par jour). Bref, la marge de progression est longue.
Les nouveaux outils pour adapter son alimentation.
Le consommateur vit dans un monde de d’injonctions : « Manger-Bouger », « cinq fruits et légumes par jour », « éviter de manger entre les repas », voilà autant de formules éculées et de comportements à adopter pour rester en bonne santé. Mais que faire de ces conseils quand on ne parvient pas à les mettre en pratique ? Que nos finances ne nous laissent qu’un maigre choix de produits ? Ou qu’on ignore de quoi est constituée notre assiette ?
Pour retrouver le contrôle sur notre alimentation, l’application pour smartphone ScanUp permet, en scannant le code-barre d’un produit, de connaître son profil nutritionnel. Dans un souci d’information et de transparence, le consommateur est maintenant à même de connaître son produit tel qu’il est. D’autres applications comme Yuka, avec son programme en dix semaines, ou plus ciblé comme MyFitnessPal permettent de faire apparaître les failles dans certains produits et d’aborder en douceur une alimentation plus saine et moins sucrée.
Du côté des marques, le message commence à passer. De plus en plus nombreuses sont celles qui font apparaître le Nutriscore sur l’emballage de leurs produits. Et si elles ne le font pas encore, elles se hâtent de développer en interne des solutions pour éradiquer ce trop plein de sucre. En moins d’un an, Nestlé a ainsi réussi à mettre au point une technologie permettant de réduire le taux de sucre de prêt de 40% avec un dérivé de ses Milky Bar.
D’autres initiatives, plus technologiques, comme DouxMatok travaillent sur des solutions destinées à réduire drastiquement le sucre dans les produits de grande consommation tout en essayant de garantir au mieux la Sugar Experience.
Le consommateur, garant et responsable de ses nouveaux standards.
Car derrière cet enjeu lié à la santé, un autre agite bien les esprits. Si l’on consomme moins de sucre, quid du goût de nos gâteaux, yaourts, desserts et pâtisseries ? Sur ce point, le champ est laissé libre au consommateur pour couper progressivement le cordon avec sa sugar addiction. Plus facile à dire qu’à faire ? Pas vraiment.
Sur Marmiton.org, nombreux sont les utilisateurs à partager des recettes gourmandes allégées en sucre ou à modifier des fiches existantes en préconisant d’y réduire son dosage. En outre, une initiative comme le « No Sugar Challenge », un défi sur trois semaines, consiste à le bannir complètement et à rendre compte de son expérience sur les réseaux sociaux. Verdict ? Il semble que déshabituer temporairement son organisme de sucre est une tâche moins hardue qu’on ne le pense. Cela permet en outre de préserver son corps et de faire de nouvelles expériences gustatives. En France de plus en plus de consommateurs adopent le régime low carb ou cétogène. Le sucre, la chasse est ouverte !
On le voit, le consommateur a plus de choix qu’il le pense et peut à terme devenir son propre prescripteur en définissant un mode de consommation qui lui ressemble. C’est qui le patron, fer de lance en France de la co-construction, permet aux consommateurs d’élaborer des produits à l’image de leurs attentes. On ne peut que souhaiter que l’avenir soit fait de plus d’associations de ce type.
Que l’on aime ou non le sucre, on ne peut faire sans, mais on peut faire avec moins. Chaque acteur — industries, marques, consommateur — est responsable du changement et nécessite de conjuguer avec les autres, d’être (ré)éduqué.
Pensez-y la prochaine fois, vous seriez étonnés de découvrir quel goût a votre café ou votre yaourt nature sans ajouter cette couche de sucre qui vous tient tant à cœur.
Sandrine Doppler
Tribune libre de Sandrine Doppler — Consultante marketing et communication Food, spécialisée en alimentation de proximité, circuits-courts, Bio, blockchain, traçabilité alimentaire.
@sandridop
www.sandrinedoppler.com
AOUT 2018
Le « bien manger », le bio...
AOUT 2018
Aujourd’hui, le « bien manger » est dans l’esprit de chacun et le bio est à la fois accessible et abordable grâce à la multiplication des enseignes spécialisées ou des rayons identifiables dans les GMS. C’est indéniable, le bio plaît et engendre une nouvelle manière de consommer. Ceci étant sa diffusion, en grande partie relayée par les enseignes de grandes distributions, pose un problème aux marques et enseignes spécialisées : celui de la transmission des valeurs du bio.
Au vu de la vitesse à laquelle, le bio se diffuse – nouvelles enseignes, produits, marques – on pourrait penser que les marques spécialisées du bio vivent une période pérenne. Pourtant, ce n’est pas forcément le cas. En effet, aujourd’hui 80 % des consommateurs préfèrent se rendre en grande surface pour acheter du bio. En conséquence de quoi, en 2017 les GMS ont représenté 46 % de part de marché du bio. Le combat entre généralistes et spécialistes ne date pas d’hier mais c’est la première fois que la grande distribution a progressé plus vite (+21 %) que les enseignes spécialisées (+15 %).
Il faut dire que les GMS ne manquent pas de ressources : ouverture de magasins dédiés au bio, absorption des entreprises de transformation, contrôle des filières de production. La formule est simple : appliquer les méthodes au bio en élaborant des produits bio jusqu’à 30 % moins cher que les gammes des spécialistes. Loi du marché oblige, le consommateur se laisse tenter – difficile de lui en vouloir.
Est-ce le début de la fin pour les marques spécialisées ? Je ne pense pas et préfère voir dans cette situation une occasion unique pour le réseau historique d’apprendre à se démarquer définitivement des géants de la distribution.
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Le bio doit opérer quelques changements. Il importe tout d’abord de prendre acte de la pluralité du consommateur d’aujourd’hui. Un individu en quête de repères fiables, universels, sensibles mais également d’expériences et d’engagements. Même si le consommateur continue de se rendre dans la plupart des grandes surfaces, les scandales alimentaires récents ont alimenté sa méfiance à l’égard de ces enseignes. Une aubaine pour les marques du bio ? Bien sûr. La chance en tout cas de se réinventer tout en restant fidèles aux valeurs qu’elles véhiculent. Alors sortons du cahier des charges traditionnel du bio pour proposer une communication plus claire, plus affirmée, en symbiose avec les convictions profondes des consommateurs. Rendons le bio plus ludique et créatif !
Pour se démarquer, il incombe aux marques de se dépasser et de proposer des produits soutenus par des storytellings uniques et des expériences engageantes à l’instar, par exemple, de marques comme TENSAI THE ou KARINE et JEFF qui osent revisiter les codes du bio, respectivement sur le segment du thé glacé et celui des recettes familiales. Tout en étant garantes des valeurs du bio, elles lui apportent un supplément d’âme qu’on ne saurait retrouver dans les allées impersonnelles des hypermarchés.
Par ces biais-là, le bio parviendra à garder le contrôle de ses valeurs et à amener le consommateur sur un terrain de jeu alimentaire dont il ignorait jusqu’à présent l’existence !
Article paru le 8 juin 2018 sur Natexbio.